Texte : 2450 mots – Temps de lecture : 14mn – Auteur : TCHAKOUTE Ernest – Douala – le 20/04/2024 – 10H24 –- type de texte : #justice et #droit du #travail #ruse. Lire le texte original ici https://www.startupane.com/la-premiere-mort/
Voici la version de l’histoire qu’on ne vous raconte jamais loin des beaux récits et des belles citations embellies par un storytelling enturbanné par des narrations romanesques et songeuses.
Dans ce texte, je vous donnerai un petit côté sombre, mieux le côté obscur de mon histoire, que dis-je, de notre histoire. À la fin que ceux qui lisent en profitent pour tirer des leçons. Que les entrepreneurs qui ont le cran s’en servent dans leur aventure. Qu’ensuite les collaborateurs ou salariés tirent des leçons pour ne pas commettre des erreurs et éviter de se mettre dans des situations inconfortables et préjudiciables.
Les choses commencent en 2008 je venais à peine de rentrer d’un voyage où j’étais avec des footballeurs que j’avais laissés dans un club (Al Aïn aux Émirats Arabes Unie) pour des tests de recrutement, dans l’espoir de signer un éventuel contrat dans ledit club.
Pour ceux qui ne le savent pas en plus d’être négociant de matières premières, je suis également agent de joueurs.
Avant mon voyage avec les footballeurs, nous avions des livraisons d’ananas à expédier en Moldavie (j’en profite pour dire aux négociants de notre réseau de voir de ce côté pour les produits tel que les ananas, les mangues, les avocats, le cacao, café etc.) et pour cette livraison nous étions obligé d’investir des fonds propres de notre entreprise pour accélérer les choses.
Ce qu’il faut savoir, c’est que dans le passé et pour le contrat nous travaillions sur la base du commission, on se chargeait d’expédier et à la fin de la transaction, nous recevions une commission.
Mais il se trouve que cette période notre fournisseur d’ananas traversait de très grosses difficultés, les banques refusaient de préfinancer ses exportations, car il avait par le passé accuser des retards de payements et la banque ne lui faisait plus confiance.
Elle avait un moratoire, temps auquel il devait se débrouiller tout seul et stabiliser ses chiffres avant de recourir encore à la banque pour un éventuel accompagnement.
C’est ainsi que le producteur nous fait part de la situation et nous décidons de préfinancer l’achat et l’exportation du produit qui nous permettait d’avoir une plus grande marge.
Cependant avant de prendre cette décision, une réunion avec le personnel de l’entreprise sera tenu, et ensemble nous prendront la décision de financer la transaction, afin d’avoir des marges plus conséquente.
Cette décision nous imposait de vider les caisses les l’entreprise, car étant en attente des payements des transactions avec d’autres clients et nous étions également sur des affaires avec des payements différés de 180 jours, car il faut le dire 6 mois pour une petite entreprise est significatif dans sa trésorerie.
Entre temps, j’attendais les résultats des tests des joueurs, ce qui tardaient aussi à venir et plus le temps passait plus nos caisses souffraient.
Et trois mois durant nous aurons des retards de payements de salaires, et l’atmosphère dans l’entreprise devenait tendue.
Dans l’équipe, nous avions un employé particulièrement enthousiaste qui avait l’habitude de faire des demandes. Cependant, avant l’opération, nous avions expliqué les avantages et les augmentations de salaire qui allaient suivre, et tout le monde était d’accord.
L’employé, qui avait pour habitude de faire des réclamations, ne pouvait plus supporter la pression croissante lié au manque de salaire.
Et la situation de retard de paiement de la livraison de Moldavie, était aggravée par la crise alimentaire mondiale et les émeutes de la faim dans certains pays en cette année 2008.
C’est ainsi qu’après trois mois, il décide de partir sans préavis, contrairement à son contrat qui stipulait un préavis minimum de deux mois pour permettre à l’entreprise de trouver un remplaçant.
Sauf que quelque temps après avoir constaté officiellement son abandon de poste nous recrutons un nouveau et à notre grande surprise et face à la consternation générale, le démissionnaire avait mis un mot de passe dont lui seul détenait le code sur la machine et lorsqu’on lui demandait le code pour y accéder, il a exigé qu’on paie son salaire.
Notre avocat à l’époque Me Yapi, prendra le soin de lui expliquer qu’il n’a pas le droit de verrouiller l’appareil de l’entreprise, il restera intransigeant en expliquant que son grand frère est commissaire.
Nous avions deux choix à faire : soit faire venir un spécialiste du nom de Kader qui avait travaillé à Microsoft qui disait pouvoir contourner le mot de passe et accéder à l’ordinateur sans rien effacer.
Et la seconde option payer son argent (au démissionnaire) et récupérer le mot de passe.
Tout le monde au bureau me dira de prendre la première option afin de ne plus rien avoir avec le démissionnaire.
Contre toute attente, je l’appelle le lendemain et lui fais parvenir sur fond propre l’équivalent d’un mois de salaire pour lui montrer ma bonne foi, et je promets par la suite de reverser le mois restant une fois que le payement de nos factures sera fait, il accepte la proposition et une fois le payement fait, il refuse de me donner le mot de passe et exige le payement de tout son salaire. Face à cette situation inattendue, je reste calme alors que la tension monte parmi l’équipe.
A cette allure, je comprends que quelque chose ne va pas, nous décidons de donner un nouvel ordinateur au remplaçant et de sécuriser l’ordinateur du démissionnaire, devenu une arme potentielle.
Entre temps, on a un ainé du nom de doyen Bakayoko informé de la situation, intervient en garantissant le paiement des arriérés une fois les fonds disponibles, c’est ainsi qu’il donnera le mot de passe au doyen qui nous le remettra.
Et coup de tonnerre, on découvre avec stupeur que l’ancien employé en partant il avait tout effacé toutes les données, y compris celles des clients et de l’entreprise, stockées dans les logiciels installés sur l’ordinateur.
il faut noter que dans l’ordinateur, il avait installé des logiciels dans lesquels il avait introduit les données des clients et de l’entreprise.
Nous nous retrouvions dans une situation où l’ordinateur était presque formaté et lorsqu’on retourne vers lui, il dit au doyen Bakayoko qu’il a supprimé les logiciels qu’il avait installés.
À l’époque, on discutait via viber et très calmement, j’ai fait la capture d’écran que j’ai gardé jalousement.
Entre temps, la situation financière est rentrée en ordre et nous lui avons fait son virement.
Pour lui, l’affaire était close pourtant elle venait de commancer, car il avait déjà trouvé un autre emploi dans une entreprise. Sauf qu’un an après en 2009, je profite d’un moment d’accalmie dans nos activités pour demander à notre avocat de rédiger une plainte contre le démissionnaire pour détention arbitraire et destruction de biens, et la plainte sera sous forme de citation directe devant le procureur du tribunal de travail.
Je m’assure que la convocation soit remise directement à son nouveau lieu de travail, en informant la secrétaire qu’il est convoqué au tribunal du travail par son ancien employeur. Anticipant les tentatives d’intervention, je m’absente en éteignant mon téléphone, laissant notre avocat nous représenter devant le juge.
Il commencera par nier les faits sauf des témoins et des preuves, comme la capture d’écran de son message compromettant, confirmera les faits.
Suite à cela, il perd emploi, est condamné, et des dommages et intérêts lui sont réclamés.
Enfin 2010, hélas, j’apprends la mauvaise nouvelle.
Pendant que je rédige ce texte, j’ai des cas des collaborateurs qui ont quitté l’entreprise en emportant avec qu’eux des biens appartenant à l’entreprise, tels que téléphone, carte SIM, disque dur plus des données, certains sont allé jusqu’à supprimer des messages dans les appareils de l’entreprise. Ayant bien évidement perçu tous leur droit.
MON MESSAGE AUX EMPLOYES
Ne faites jamais l’erreur de retenir les biens d’une entreprise, car il faut savoir que le législateur a légiféré pour ces cas et il y a des lois qui encadrent ces situations.
Selon le droit camerounais, un salarié n’a pas le droit de saisir les biens d’une entreprise contre son salaire.
Le droit camerounais prévoit des procédures spécifiques pour le recouvrement des créances salariales, qui consistent en une mise en demeure de l’employeur, suivie d’une action en justice si la mise en demeure ne pas respecter.
Il est bon de savoir que la destruction et la rétention des biens d’une entreprise peut coûter jusqu’à 5 ans de prison plus des dommages et intérêts.
Si vous êtes dans une entreprise il existe une procédure légale pour recouvrer son salaire en cas de non-paiement.
Voici les étapes générales à suivre :
1. Mise en demeure : le salarié peut commencer par envoyer une mise en demeure à son employeur, par lettre recommandée avec accusé de réception, demandant le paiement du salaire dû dans un délai spécifique.
2. Conciliation : si la mise en demeure reste sans effet, le salarié peut saisir les autorités compétentes pour entamer une procédure de conciliation. Cela peut se faire auprès de l’inspection du travail ou du tribunal du travail.
3. Saisie du tribunal : si la conciliation échoue, le salarié peut saisir le tribunal du travail pour obtenir un jugement en sa faveur ordonnant le paiement du salaire dû par l’employeur.
4. Exécution du jugement : une fois le jugement rendu en faveur du salarié, celui-ci peut demander l’exécution forcée du jugement pour obtenir le paiement de son salaire.
5. Ensuite une fois que l’entreprise ne respecte pas la demande d’exécution le salarié peut recourir une fois de plus à la justice pour pouvoir procéder à une exécution forcée.
Sachant que ces méthodes d’exécution forcée sont encadrées elle aussi par la loi elles doivent être mises en œuvre par un huissier de justice.
Dans ce cas le tribunal tout d’abord, peut émettre une ordonnance de saisie-attribution, qui permet de saisir les biens meubles ou immeubles de l’entreprise pour les vendre aux enchères et payer la créance salariale.
Ensuite, le tribunal peut émettre une ordonnance de saisie-vente, qui permet de saisir les biens, meubles de l’entreprise pour les vendre aux enchères et payer la créance salariale.
Enfin, le tribunal peut émettre une ordonnance de saisie-arrêt, qui permet de saisir les comptes bancaires ou les salaires de l’entreprise pour payer la créance salariale.
Il faut noter que ce cas est plus facile quand l’entreprise a des actionnaires et un gestionnaire, mais dans le cas d’une entreprise comme la nôtre où elle est unipersonnelle (je suis l’unique propriétaire et par conséquent ne rend compte à personne.) lorsque le jugement est rendu en faveur du salarié, je peux me précipiter à la banque et vider les comptes de l’entreprise, déposer les fonds dans mon compte personnel.
Pour les plus futés, s’ils ont un compte par exemple à l’île Maurice, ou Singapour cette partie devient sans effet.
Ne soyez pas indigné, nous sommes dans le droit, et il n y a rien d’illégal de retirer de l’argent de son compte entreprise vers son compte personnel, jusqu’ici aucune loi ne l’interdit.
LEÇON AUX ENTREPRENEURS
Vous verrez qu’à aucun moment, on a parlé d’emprisonnement de l’employeur pourtant le salarié peut être emprisonné, pour vous dire que ceci est fait exprès. Le législateur sais que les entreprises veulent s’installer dans des pays ou le climat des affaires est serein pour ne pas dire les protège. aucun entrepreneur ne voudrait créer une entreprise dans un environnement où du jour au lendemain, il peut se retrouver emprisonné.
Dans votre entreprise, prenez toujours soin de respecter vos obligations administratives, c’est-à-dire être toujours à jour avec les impôts et la CNPS. Le non-respect des obligations fait l’objet direct d’un redressement, par contre le non-paiement des salaires, c’est une procédure à suivre. Comme quoi les intérêts de l’Etat passent avant ceux du salarié.
Pour faire encore mieux avoir une RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) il suffit de faire un petit don chez les défavorisés et le tour est joué ça démontre que l’entreprise en plus d’être à jour avec ses cotisations aide l’Etat sur le plan social.
Il sera quasi impossible pour la justice de demander la fermeture d’une entreprise pour non-paiement des salaires du moment où cette dernière paie les charges inhérentes à la bonne marche de l’Etat.
C’est aussi pourquoi dans la majorité des cas les procédures en justice entre les salariés et les entreprises durent toujours, on va de renvoi sur renvoi et le salarié fini par se fatiguer et abandonne les charges.
MESSAGE À CEUX QUI ONT NOS BIENS
Il est essentiel de savoir que la détention d’un bien est un délit et le délai de prescription est de 10 ans donc on peut rester le plus longtemps possible et revenir à la charge même après 4 ans et qu’ils se tiennent calme je le ferais.
Surtout ne pas avoir affaire une personne comme moi qui n’oublie jamais rien. On vient à la charge uniquement lorsqu’on est certains que l’objet en question est déjà perdu pour déclencher la procédure et ça suivra son cours.
EN CONCLUSION
Certains se demanderont comment à l’époque nous avions fait pour connaître ou travaillais l’employer démissionnaire ?
C’est nous qui l’avions inscrit à la CNPS et nous avions son numéro de matricule, il suffisait de consulter son fichier via son matricule et on avait sa nouvelle entreprise.
Aux salariés, vous êtes la force de ces entreprises, car sans vous, elles n’existeraient pas par contre, lorsque vous travaillez sachez que tout ce que vous faites dans le cadre de cette entreprise ou tout travail que vous effectuez contre un salaire revient à l’entreprise.
Quoi qu’il arrive dans une entreprise, il ne faut jamais se faire justice. Avant de partir, quel que soit le niveau de frustration prenez toujours soin de faire constater par votre hiérarchie que tout est en place, ne faites jamais l’erreur de supprimer les données, car cela rentre dans le capital savoir de l’entreprise.
Et tous les outils que vous avez apporté, créer ou installer dans une machine pour vous faciliter dans votre travail deviennent automatiquement tout comme les informations de l’entreprise les actifs immatériels de ce dernier.
Les détenir illégalement ou les détruire revient à vous rendre justice et vous expose à des poursuites.
Et pour finir aux entrepreneurs, en plus d’avoir de la compétence, il est nécessaire de savoir que la gestion d’une entreprise demande aussi beaucoup de ruse.
Le non-paiement des impôts et ses cotisations sociales sont considérés comme des délits par contre le non-paiement des salaires n’en est pas un.
Gardez toujours à l’esprit que l’entrepreneuriat, c’est l’antichambre de la Mafia, tout le monde vous en veux.
Nous serons du côté de Singapour du 20 au 30 juin 2024 dans le cadre de notre tourisme entrepreneurial qui porte sur le négoce de matières premières https://www.startupane.com/formations/