S’il est certain que les neurologues sont unanimes sur la conception de l’évolution biologique de notre cerveau, la communauté scientifique est bien plus divisée quant à l’idée d’un cerveau fragmenté, qui ne serait pas en harmonie. De nombreux théoriciens pensent que défendre ce concept est à peu près aussi pertinent que de défendre l’idée selon laquelle il existe une distinction radicale entre les deux hémisphères de notre cerveau. Ce concept était pourtant en vogue il y a quelques années.
Nous devons voir le cerveau humain comme un tout, pour ne pas biaiser notre perception de cet organe. Il ne s’agit pas d’un puzzle, mais bien d’un organe composé de zones spécialisées, connectées les unes avec les autres. Elles forment un ensemble qui fonctionne comme un tout, comme une équipe efficace et toujours parfaite.
Le cerveau reptilien et les décisions irrationnelles
Nous avons parlé des différentes personnalités qui se laissent guider uniquement par leur cerveau reptilien. Elles sont généralement dépendantes d’une certaine territorialité, du contrôle, de la domination, voire de l’agression. Cela veut-il dire que les autres personnes, celles qui n’agissent pas ainsi, ont totalement déconnecté cette partie intime et atavique de leur cerveau ?
Absolument pas. Tous les experts en neuro-marketing nous le disent. Notre cerveau reptilien, cet ancien et obscur compagnon de route, contrôle également beaucoup de nos fonctions basiques, de nos instincts. De fait, des tâches comme la respiration ou la sensation de faim et de soif, sont sous son contrôle. C’est également lui qui domine les émotions les plus primitives, comme le désir, le sexe, le pouvoir et la violence, comprise ici comme moyen de survie.
L’industrie de la publicité sait bien que l’être humain est drivé, au moins en partie, par son cerveau reptilien. Les publicitaires prennent donc en compte cette dimension pour parvenir à vendre certains produits. Dans la plupart des cas, lorsque nous sortons notre carte de crédit, nous cherchons avant tout à satisfaire nos désirs, nos instincts, nos besoins et nos plaisirs.
Une personne qui fume, par exemple, va continuer à acheter du tabac, en sachant pertinemment qu’elle peut en mourir, dans le simple but de satisfaire son addiction. A ce moment, son néocortex, la partie la plus logique de son cerveau, n’a pas voix au chapitre. Les experts en neuro-marketing estiment que son pouvoir de décision est inférieur à 20% dans tous les cas que nous venons d’évoquer.
L’addiction au pouvoir et le contrôle émotionnel
Comparer une personne despotique et dirigiste à la personnalité d’un enfant de 3 ans peut révéler des similitudes assez troublantes. Le célèbre psychologue motivationnel David McClelland, créateur de la théorie des besoins, nous explique que ces deux types de personnalités sont au moins similaires en un point : elles ne disposent que d’une faible capacité à gérer leurs émotions. L’être humain se caractérise par trois objectifs principaux : l’affiliation, la réalisation et le pouvoi.
Nous avons tous des besoins plus ou moins précis. Certains valorisent davantage les relatons de couple, d’autres se fixent des objectifs professionnels extrêmement précis, quand certains n’ont qu’une obsession : exercer le pouvoir dans leur environnement direct. Dans ce dernier cas, quelque chose de très intéressant se produit systématiquement : plus le besoin de pouvoir est important, moins le contrôle émotionnel est présent. Et c’est donc le cerveau reptilien qui prend une importance capitale
Voici les caractéristiques basiques d’un profil associé à ce type de personnalité :
Les personnes dont nous venons de parler sont énergiques, très orientées vers l’extérieur et elles aiment établir des nouvelles relations sociales, en montrant une amabilité, une proximité et une ouverture exagérées.
Cette ouverture cache, en réalité, des intentions bien moins louables : connaître pour contrôler, deviner pour faire chanter et créer des alliances pour obtenir plus de pouvoir.
- Ces personnes sont toujours sur la défensive. Elles se sentent blessées ou trahies à la moindre erreur de la part des autres. Elles peuvent également réagir de manière agressive face à des choses triviales.
- Elles perdent rapidement le contrôle d’elles-mêmes. Le cerveau reptilien est sans filtre, il ne dispose pas des mécanismes de contrôle qui permettent de gérer la colère, l’énervement et la peur.
- Elles sont incapables d’être réceptives et empathiques face aux besoins des autres, car leur cerveau manque cruellement de cohérence émotionnelle, d’équilibre et de toutes les caractéristiques de la raison.
Pour conclure, même si nous connaissons tous des personnes qui présentent ce profil, nous devons clarifier une chose : le cerveau reptilien guide beaucoup de nos réactions et de nos choix. Cependant, nous ne devons jamais passer totalement sous son contrôle, au risque d’adopter des comportements qui ne sont ni bons pour nous, ni pour les autres.
La théorie du cerveau triunique est utile pour nous permettre de comprendre le monde de nos émotions et, surtout, pour prendre conscience de la nécessité d’investir du temps et des efforts à notre développement émotionnel. De la même manière que nous entraînons notre corps, nous devons travailler sur nos pulsions, sur ces émotions primitives qui se cachent en nous. Même si nous ne voulons pas toujours le voir, elles constituent une partie importante de notre vie, qu’il convient de gérer de manière adéquate.
Texte original ici https://nospensees.fr/cerveau-reptilien-laddiction-pouvoir/