Avant toute chose, je vais vous raconter une histoire vraie.

En 2021 un frère originaire d’un pays voisin au Cameroun qui me suivait depuis un moment perd sa tendre épouse dans une situation tragique le laissant avec des enfants en bas âge.

Dans le désespoir, il me contacte et me dit qu’il veut prendre ses dernières économies pour venir se faire former dans le négoce (on parle d’environ 2 500 000 FCFA à me donner pour la formation.) à Zanzibar. Ensuite, nous avons un échange très riche.

Si vous voulez savoir ce qui se passa par la suite lisez directement la fin du texte.

REVENONS A NOTRE PARIFOOT

Remontons un peu le temps pour mieux se situer dans le contexte, durant les premières années après son indépendance (1960), le Cameroun a une économie prospère. Cette prospérité économique va permettre à l’État de faire des recrutements massifs dans la fonction publique, d’accorder des salaires élevés et des allocations aux fonctionnaires, ce qui leur permettait de vivre décemment.

Dans l’imaginaire populaire, les fonctionnaires, notamment les enseignants, étaient, du fait de l’aisance matérielle dans laquelle ils vivaient, considérés comme des modèles de réussite sociale. Mais, comme d’autres pays d’Afrique touchés par la crise économique des années 1980, le Cameroun adopte, pour relancer son économie, les fameux programmes d’ajustement structurel (PAS) imposés par les institutions de Bretton Woods en 1991.

La mise en œuvre de ces programmes pousse l’État à arrêter les recrutements dans la fonction publique, à fermer des entreprises publiques, à baisser les salaires des fonctionnaires.

Cette situation engendre la perte du prestige de modèle de réussite dont jouissaient les fonctionnaires, c’est ainsi qu’on observe une monte en puissance de la pauvreté et du chômage massif chez les jeunes.

Ces phénomènes sont à l’origine de la construction de nouveaux itinéraires d’accumulation hors de l’État et du désir d’auto-prise en charge chez des jeunes.

Ainsi, bravant des images réductrices, des jeunes prennent des initiatives pour faire face à leurs conditions de vie difficiles.

On aura des jeunes qui prendront la route du désert vers l’occident dans l’espoir d’une vie meilleure, leur engagement dans la pratique des paris sportifs s’inscrit aussi dans cette logique.

Il faut noter que leur vie dans la précarité les pousse à s’intéresser massivement aux activités sportives qui leur donnent un s’amblant d’existence et d’importance dans la société. Et ils chercheront à capitaliser leur culture sportive pour gagner de l’argent, afin de remédier aux difficultés financières qu’ils rencontrent dans leur vie quotidienne.

Très loin dans le temps et au tout début, il y avait le DJANGUI, une sorte de loterie qui se faisait dans nos marchés où nos mamans donnaient 10O FCFA et choisissaient un numéro a gratter et parfois les gains en jeu allaient des jeux d’assiettes aux pagnes en passant par des aliments.

Ensuite on aura la loterie nationale une entreprise qui faisait des tirages au sort et distribuait des gains en monnaies trébuchantes, avant le temps vers les années 2008, le secteur des paris sportifs, sera plus ouvert et dans les années 1990 il sera dominé par le Pari Mutuel Urbain Camerounais (PMUC) proposant des paris sur des courses hippiques organisées en France, nous connaissons des drames vécu par certains parieurs de cette sociétés des parents qui ont vendu des maisons dans l’espoir de gagner de l’argent par la suite ils perdaient tous, mettant toute leur famille dans le rue, des parents qui ont pris l’argent destiné à l’opération de leur enfant et ont perdu ensuite le décès de l’enfant s’en ait suivi sans que ça n’émeuve personne. Jusqu’à ce jour, ils continuent à faire des dégâts dans notre société.

Ensuite, comme dans toute activité, le secteur a connu une double révolution : l’arrivée des nouveaux opérateurs ludiques – parmi lesquels.

Premier Games, Roisbet, Supergaol, Sport4Africa et Marathonbet 1xbet, winmax, betwinner, robet, betfirst, meridianbet etc – et le développement d’autres types de paris sportifs comme le football, le handball ou le tennis, qui sont les nouveaux sports autour desquels se mobilisent les parieurs.

Selon le Bureau central des recensements et des études de population (Bucrep) (2010), sur plus de 20 millions d’habitants que compte le Cameroun, les moins de 17 ans représentent la moitié de la population, avec un poids démographique des moins de 15 ans qui se situe à 43,6 %.

Dans un contexte de précarité et de reconfiguration des rapports parentaux, les jeunes sont non seulement comme des proto-adultes ou des êtres en devenir, mais surtout comme des êtres au présent et des agents sociaux à leur présence propre.

En s’inscrivant ainsi dans une approche dynamique qui considère les jeunes comme une catégorie sociodémographique « entreprenante » ce texte démontre comment l’implication des jeunes dans la pratique du Parifoot s’adosse sur une volonté et un espoir de « se faire de l’argent » et « faire face aux hostilités de la vie quotidienne » dans nos pays.

Dans l’expansion des entreprises de paris sportifs dans nos pays, le Parifoot se positionne comme un exutoire de cette masse opprimée, et déprimée qui rêve, qui veut se nourrir et se projeter autrement sur le monde à travers les jeux au hasard.

Il n’est plus à démontrer que les paris sportifs sont devenus une obsession chez certains jeunes qui n’hésitent pas parfois à emprunter ou même voler de l’argent pour tenter leur chance de gagner.

En plus que les paris sportifs sont maintenant faciles d’accès, car ils sont devenus faisables à partir d’un téléphone portable, ce qui était impossible à une époque. Cette facilité a fait qu’une bonne partie de la jeunesse ont dans leur téléphone les applications de paris sportifs telles que 1xbet, Unibet ou encore Winamax.

Ce qui provoque une addiction qui pousse certains jeunes à faire parfois des choses inimaginables juste pour parier sur un match.
Une jeunesse perdue et sans espoir s’y lancent sans même réaliser les dégâts que cela puisse causer. En voulant se faire de l’argent facilement, ils deviennent accrochés aux paris sportifs qui constituent un réel danger auquel il faut trouver des solutions très rapidement avant que le mal ne soit beaucoup plus profond

Ayant compris cela, c’est pourquoi le Parifoot, le Pmu ciblent plus les gens fragiles de notre société en dépouillant nos parents et jeunes frères entre 15 et 17 ans (Les études montrent que le risque de jeu excessif est 5 à 6 fois plus élevé dans le parifoot que pour les joueurs de loterie), avec la complicité de nos artistes, journalistes sportifs.

Face à ce vaste fléau qui gangrène notre société et la détruit en profondeur pourquoi nous ne nous attaquons pas à ces entreprises ?

Nous trouvons en nous une force étrange pour s’acharner sur des entrepreneurs qui donnent un contrat aux gens avec un bon niveau intellectuel, des contrats qu’ils prennent le temps de lire ou de consulter un conseiller juridique avant de le signer (ou ils signent le contrat sans le lire ?) par la suite viennent raconter sur Internet comment ils sont victimes, vous voulez partager les bénéfices sans partager les risques, c’est ça ?

Les sentinelles de notre société qui veillent sur les bonnes pratiques sur Internet au lieu de s’attaquer au problème véritable des pari sportifs se trouvent subitement frappées par une amnésie sélective.

SUITE DE NOTRE DISCUSSION AVEC LE FRÈRE DU PAYS VOISIN.

Après les échange avec le frère qui traversait des moments difficiles consécutifs à la perte de son épouse, j’ai refusé qu’il paie pour suivre la formation du négoce, car je lui ai dit en toute franchise que le négoce, parfois, prend beaucoup de temps pour commencer à rentabiliser.

Par la suite, je lui ai dit que sachant sa situation psychologique, il n’était pas très bien stable et les décisions qu’il prendrait pouvaient avoir des conséquences encore plus fâcheuses sur lui et la vie de sa famille.

Suite à mon conseil, il n’a pas fait la formation du négoce, je lui ai dit de rediriger cet argent ailleurs.

Pensez-vous que s’il voulait investir dans les paris sportifs on devait lui dire de ne pas le faire car la probabilité de perdre est très grande ? Non, au contraire, on devait l’encourager à le faire quitter à ce qu’il perd toute sa mise et va même s’endetter pour ressayer sa chance.

Il faut savoir être lucide face à certaines situations surtout bien choisir ses combats au risque de passer pour ces faibles qui utilisent la mentalité de crabe qui au lieu de se mettre en meute pour attaquer les vrais prédateurs, s’automatisent et s’affaiblissent mutuellement.

Surtout garder à l’esprit que tant que la justice n’a pas tranché sur une affaire les gens impliquées sont présumés innocents.
Ça ne changera pas les lois d’un pays même si les gens qui se plaignent sur les réseaux sociaux sont 2098776 et font chacun 210 lives ou postent respectivement 7676 articles par jour sur Facebook.

Les preuves doivent être versées dans le dossier qui va au tribunal et non sur Facebook. Sauf si Facebook est le nouveau palais de justice des AFRICONS.

TCHAKOUTE Ernest
Je sais que vous allez vous fâcher, mais pour moi est dedans que quoi ?
Douala le 01/12/2023 – 09H23